Quantcast
Channel: Coulisses d'entreprise
Viewing all articles
Browse latest Browse all 18

Transformer un plouf en startup

$
0
0

Accueil Global Services JamMe sentant légitimée par mon appartenance à l’association Wenumérique, j’ai osé cette année m’inscrire au Global Service Jam avec une promesse alléchante : « 48 heures pour changer le monde » ou, plus modestement : « 48 heures pour prototyper un service innovant ».

A 18h30 dans 57 pays, un thème est lancé en anglais via une vidéo tenue secrète jusque là par les organisateurs. Des équipes rebondissent sur le sujet,  cadrées par des coachs en design de services (UX Design) pour aboutir à la proposition d’une innovation basée sur l’expérience de ses utilisateurs connus ou espérés.

Je me suis dit qu’une carrière dans l’insertion professionnelle et le développement des territoires, mes outils de coach et mes expériences en théâtre et en écriture m’avaient suffisamment formatée au lâcher prise pour que je ne sois pas un ovni parmi tous ces trentenaires hyper connectés et débordants d’enthousiasme.

Evidemment, c’est le cas. Qui que vous soyez, si vous êtes sincèrement adepte du «  penser autrement » ; si vous êtes prêts à vous fondre dans la créativité de votre groupe avec humilité ; si vous êtes convaincus que nous sommes avant tout des citoyens-acteurs ; si vous appréciez la vision énergique et optimiste de la génération Y, qui partage ses savoirs et ses références pour dépoussiérer une société basée sur des valeurs d’avant Internet et le Sida, quand la croissance était à deux chiffres et le chômage inexistant… Alors, ne ratez pas le prochain GSJam !

Global Service Jam : deux jours et demi de brassages d’idées, de valeurs et de fous rires

 Vendredi après midi, conférence préalable sur :

« L’Ergonomie et l’UX Design au service de l’innovation »

Derrière un nom assez barbare : FLUPA Aprem’UX – Orléans se cache une association internationale de professionnels de l’innovation qui aident les acteurs économiques à améliorer leurs services en partant de ce que vivent leurs usagers.

Des ergonomes, marketeurs, psychologues, designers etc…commencent par observer l’univers de leur commanditaire, en vivant la même expérience que leurs salariés et clients. Cela leur permet de se mettre à la place des consommateurs directs et indirects du produit/service  à améliorer ou à tester, c’est ce qu’on appelle l’exploration des usages. 

Notre intervenant insiste sur la nécessité de se mettre aussi à la place des utilisateurs de son observation, c’est à dire ses collègues de travail : la transmission des données doit elle aussi être attractive et désirable ! Exit les rapports de 80 pages, vive les ateliers, les vidéos, les web documentaires !

Puis les outils de créativité sont actionnés. On cherche à dégager ce qui satisferait davantage le consommateur en vivant les mêmes choses que lui, on verra après « comment » lui procurer ce sentiment.

L’approche est donc diamétralement opposée à une réflexion « classique » qui partirait d’un produit pour l’adapter à des besoins. Comme disait Ford il y a cent ans, « si j’avais demandé à mes clients ce qu’ils voulaient, ils m’auraient parlé de chevaux plus rapides ».

On utilise pour cela des méthodes d’idéation comme les cartes que nous a présentées la chercheuse Carine Lallemand, les personae dont nous parlent les designers de services d’Aktan ou d’autres outils de créativité, je vous laisse en chercher il y a plein d’exemples sur la toile et dans les librairies.

Mis dans le bain (c’est le cas de le dire cette année) nous sommes prêts pour démarrer notre Jam.

Vendredi, 17H30 :

Viviane accueilL’agence Nekoe a prévu de quoi briser la glace : des masques, colliers de fleurs ou casques de chantier avant qu’on ne nous prenne en photo pour personnaliser nos badges ; une rivière imaginaire à traverser malgré des consignes qui rendraient l’opération impossible si on ne réalisait pas qu’en dehors de ces contraintes, tout est permis ; un demi dessin que nous devons reconstituer avec notre moitié.

Quand le grand moment de la révélation du thème arrive, le brouhaha de la salle montre que ce premier objectif est atteint. J’ai discuté, rigolé et échangé avec une dizaine d’inconnus, plutôt trentenaires, et je suis rassurée : c’est le premier Jam pour la plupart, et tous viennent de secteurs et de métiers différents. Nous partageons l’envie de passer un week end un peu délirant et une grande curiosité pour la suite. Comment allons-nous transformer le bruit d’un plongeon en service innovant ?

Des tables ont été disposées, un animateur armé d’un mégaphone de playmobil nous donne des directives : 10 minutes pour nous présenter et décliner ce que le thème nous inspire – Changement de table et rebelote en complétant les inspirations des autres…

Au bout d’1/2 heure la sirène de l’engin annonce la fin de cette première période : ceux qui ont été inspirés proposent leur idée à l’assemblée et récoltent (ou non) des collaborateurs séduits qui vont ainsi former un groupe.

Mon expérience :

  • Du plouf à la notion de transition

Autour de « ma première table », le son d’un plouf dans l’eau nous évoque des changements d’état (solide/liquide) et deux idées contraires : fuir, quitter un univers quitte à aller vers l’inconnu ou aller explorer l’inconnu quitte à laisser un quotidien confortable.

Mes deux « tablées » suivantes me montreront que ce premier groupe a été le seul à ne pas délirer autour des toilettes, l’eau a largement inspiré les participants !

La notion de changement a souvent été abordée, de plusieurs façons. Avec Charlotte, jolie trentenaire croisée table 2, nous explorons cette idée de passage d’un état à l’autre. Nous créons le sujet « Transition », qui permettrait à ceux qui vont découvrir un autre monde de le tester virtuellement. Par exemple, en vivant une journée en fac pour bien mesurer la différence avec le lycée, se balader dans une ville chinoise, passer du statut d’étudiant à doctorant…Notre projet récolte 8 nouvelles adhésions. Nous sommes 10 à avoir hâte de nous retrouver le samedi matin pour creuser notre piste…

En attendant, nous allons tous dans un bar orléanais, où nous nous regroupons déjà par équipe…

  • Samedi matin : ça part dans tous les sens.

matériel d'idéationTout le monde est à l’heure et mon impression de club de vacances se confirme : nos gentils animateurs de Nekoé, Atka et Artefact nous accueillent avec un buffet ludique et bien garni et nous distribuent papiers, post-it, feutres…

Keyne obtient immédiatement notre attention en actionnant l’horrible sirène : nous nous répartissons dans les salles pour creuser notre idée, nous orienter vers un début de service puis créer nos utilisateurs (des personae) et imaginer leur parcours d’utilisation.

Les membres du groupe « transition » disent tous ce que le mot leur évoque, avec une grande conviction pour certains. Passage entre le monde étudiant et la vie active, entre un statut de chômeur et un nouvel emploi…  On s’éloigne peu à peu de la mise en situation virtuelle pour aller vers un service de mise en relation. Alors que nous débattons depuis une heure, l’un d’entre nous décide de prendre les choses en main et tente d’organiser nos échanges, stoppant les discussions et insistant sur la nécessité de devoir arrêter une décision. Ça part d’un bon sentiment, nous prenons du retard.

Peu à peu, certains (dont moi) se retirent du groupe et se rassemblent dans un coin : nous percevons de plus en plus ce leadership forcé comme un acte autoritaire pénible et frustrant.  Au lieu de « délirer » et d’inventer des solutions, nous voici « obligés » d’exécuter un plan d’action que nous n’avons pas décidé : déterminer ce que nous allons faire dans les prochaines 10 minutes et nous y tenir, prendre la parole dans le temps imparti sans déborder du sujet et se taire jusqu’à la fin du tour du table. Alors que Keyne nous active pour que nous créions chacun, individuellement, le parcours d’utilisation de notre persona, notre « leader auto-proclamé » ne le fait pas, tout occupé à dessiner la grille qu’il a prévu de nous faire remplir dans l’ordre qu’il a décrété…Personne ne veut aller au clash mais nous sommes six à être déçus et à redouter que notre week-end « plaisir » ne ressemble à une journée de travail subie…

Samedi midi : le clash…Et deux projets en retard

Un sentiment de révolte nous anime. Nous proposons de créer un autre groupe « transition » et surtout… aucun d’entre nous ne veut renoncer au bonheur créateur qu’il est venu chercher. Notre « leader » tombe des nues. Je le comprends, il doit être très bon en gestion de projet et voulait probablement « nous faire avancer »… Il déplore notre malaise et quitte le groupe. Consternation générale… La pause déjeuner arrive à propos.

cartes d'idéation lors du Jam

Le rank des besoins explicités dans 7 cartes par Carine Lallemand : le déclic !

14h : apaisés, nous faisons l’inventaire de ce dont nous disposons :

  • Un projet « aide au recrutement ». Perso, je ne vois pas ce qu’une telle appli aurait d’innovant, même si elle s’adresse à des étudiants qui cherchent leur premier emploi. La « promesse » de notre produit ne me paraît pas très différente de celle de Pôle Emploi ou d’autres applis qui s’engagent elles aussi à repérer les compétences exactes attendues par l’entreprise.
  • Un projet de « vidéo-témoin », émanant du « groupe dissident » dont je fais partie. En gros, une appli qui permet de partager un moment fort. Tu as un deuil dont la souffrance te réveille à 3 heures du matin ? Connecte toi facilement sur une vidéo où quelqu’un qui a vécu la même chose te dit ce qui se passe après et où il a trouvé les ressorts pour continuer et rebondir.

Pour tenter de concilier les deux, nous décidons d’aborder la « transition » du point de vue du sens, des émotions. Nous appelons Carine qui nous explique comment utiliser ses cartes d’idéation.

Quelqu’un parle du « Meetic de l’emploi ». Ça change tout. A partir de là, ça s’accélère. Quel que soit notre abord du passage d’un état à un autre, nous devons veiller à ce que les valeurs de nos utilisateurs soient exprimées,  respectées, prises en compte. Notre projet prend forme : une appli d’aide au recrutement qui définit les candidats et les entreprises en fonction de leurs compétences attendues/exprimées (comme tout le monde) mais aussi de leurs valeurs.

Nous allons résorber le chômage !

mur de post it pour ideation lors du jamPour vérifier que les valeurs que nos entreprises clientes mettent en avant se traduisent dans leur organisation, nous leur proposons un audit d’évaluation. Nous appliquons le même principe à nos candidats : on doit pouvoir retrouver dans leur vie la déclinaison des critères de motivation qu’ils affichent. Nous tenons à offrir une prestation de qualité qui ne saurait se contenter de déclaratif !

 Il nous reste à « tangibiliser » notre service. Nous le présentons le soir aux autres groupes par une saynète de théâtre. La bonne humeur, l’esprit d’équipe et la curiosité règnent chez tous les participants.

Les autres services innovants nés du  bruit d’un plongeon :

  • Un soutien au suicide, qui évoluera le lendemain vers une aide à la disparition définitive et au commencement d’une nouvelle vie
  • Un parc de loisirs pour réconcilier en famille les aquaphobes avec l’eau
  • Une appli d’observation des déjections des animaux pour mieux les connaître et comprendre leur impact dans la nature
  • Un jeu pour nettoyer l’environnement
  • Un intelligent service de filtres et de prise de rendez-vous

Après une journée d’émotions et de fous rires, il nous reste quelques heures pour nous rassembler au pub.

Dimanche, 9H30 :

Wedd In Job va révolutionner la recherche d’emploi et faire faire de sacrées économies à ses entreprises clientes

Graphiste pour Jam

Baptiste : On ne rigole pas avec la charte graphique

Même si la nuit a été courte, tout le monde est à l’heure. Il s’agit avant 14H30 de finaliser notre modèle économique et de procéder à la présentation de notre produit.

Nos personae nous aident à bâtir notre Canvas (bon d’accord, dans la réalité nous aurions mieux réfléchi au prix de notre service et surtout, nous y aurions passé plus de temps !). Nous nous payons le luxe de prendre du temps pour nous chercher un nom plus parlant que « transition ».

Comme nous insistons sur les émotions et les valeurs des deux parties que nous mettons en relation, nous  cherchons sur des sites des synonymes des mots « mariage » et « travail » pour adopter Wedd In Job.

 

groupe de créativité lors du Global Service JamPoussés d’accélérer par nos mentors, nous créons des sous-groupes qui font régulièrement valider leurs propositions par les autres Wedd In Job. Baptiste et Nabil ont déjà gagné des concours de startup et m’épatent par leur aisance à créer des images. Adrien, Charlotte, Andrea, Nina, Pauline et Boris connaissent tous les outils nécessaires pour créer un Power Point animé et professionnel. Nous alimentons en photos et en délires le compte twitter que nous avons créé pour l’occasion. Andrea présente in fine avec brio notre service, dont nous sommes assez fiers !

Dimanche, 16H30

Céline de Nekoe nous annonce qu’un représentant de Pôle Emploi a assisté aux présentations finales, et qu’il nous suggère de soumettre notre projet sur le Lab, site de l’institution pour proposer des solutions numériques aux chercheurs d’emploi !

Nous nous inscrivons tous au prochain startup weekend orléanais. Déjà d’autres projets se dessinent…

Cet article Transformer un plouf en startup est apparu en premier sur Coulisses d'entreprise.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 18

Trending Articles