Le paradoxe d’Abilène
On ne le dira jamais assez : nous ne sommes pas dans la tête d’autrui, donc interdisons-nous de penser à la place des autres !
Avec le paradoxe d’Abilène, le sociologue Harvey nous en fait une brillante démonstration.
L’histoire : une famille joue aux dominos dans une petite ville du Texas, sous une chaleur suffocante qu’une citronnade et un vieux ventilateur ne parviennent pas à tempérer. Le père propose d’aller à Abilène, à 95 kilomètres de là, manger dans une cafétéria. La mère et la fille ne s’y opposent pas, le gendre n’ose pas contrarier sa femme qui voit peu ses parents. C’est parti pour une journée de galère, tous entassés dans la voiture sans climatisation, gris de la poussière de la route qu’ils soulèvent et qui se mélange avec leur sueur. Le repas s’avère médiocre dans un endroit glauque. Puis il faut rentrer, re-deux heures de route ! Au retour, tous expriment leur colère et leur frustration.
En gros, chacun des protagonistes :
- Trouvait l’idée débile MAIS
- Se sentait seul à penser différemment des autres (se glissait donc dans la tête des autres en pensant qu’ils étaient d’accord)
- N’a rien dit pour se pas être jugé ou écarté par le groupe (là encore, pensait à la place des autres qui l’excluraient s’il s’exprimait)
- A donc accepté de faire le contraire de ce qu’il pensait devoir faire
Cette histoire vous rappelle quelque chose ?
– Les réunions de travail où l’on parle de la nouvelle photocopieuse pendant une heure, ce qui ne laisse alors plus que 5 minutes pour évoquer la nécessité de mieux prendre en compte les demandes des clients (véritable sujet de la réunion au départ),
– Les commissions de recrutement où il vous paraissait évident, visiblement à vous seul, que le candidat excellait en improvisations mais bluffait tout du long,
– L’engouement général pour remplacer le repas annuel par une sortie « saut à l’élastique ».
Pas besoin d’être expert en relations humaines pour comprendre que plus la communication est fluide au sein d’un groupe, plus le droit à l’erreur et à l’échec sont perçus comme des pistes d’évolution, et plus chacun se sent autorisé à s’exprimer.
Et maintenant, on répète !
Démotivation, temps et argent perdu, opportunités ratées…Les effets du paradoxe d’Abilène peuvent s’avérer désastreux pour votre organisation. Certains indices représentent des points de vigilance :
- Votre organisation est très hiérarchisée
- Peu de propositions émanent de votre équipe. Les vôtres n’appellent aucune résistance, le consensus est immédiat
- Vous êtes vite cassant en réunion, personne n’a de temps à perdre à écouter ceux qui refont le monde. Vous attendez juste de vos collaborateurs qu’ils notent et exécutent vos consignes
- Quand un dysfonctionnement se présente, la recherche du coupable vous mobilise davantage que l’émanation de solutions pour l’avenir
- Le ton menaçant ou pressé avec lequel vous consultez votre équipe (Des remarques ?) n’invite pas vraiment à la franchise : celui qui exprime un désaccord devra le justifier et se laisser convaincre du bien-fondé de votre proposition.
Le paradoxe d’Abilène nous renvoie à d’autres aspects relationnels déjà développés :
- L’orientation-solutions ou comment travailler sur le résultat plutôt que de passer son temps à analyser les écarts avec les objectifs initiaux
- L’autonomie des salariés
- Les valeurs qui créent une identité d’entreprise
- Les jeux de domination-victimisation qui peuvent pourrir nos relations, surtout en entreprise
Si vous souhaitez être accompagnés pour mettre en valeur les atouts de votre entreprise et réussir vos changements, contactez-nous en cliquant ici !
Cet article Le paradoxe d’Abilène : quand le consensus vire à la plus mauvaise solution est apparu en premier sur Coulisses d'entreprise.